pinel 2019

Le libertaire

Le Libertaire est un espace autonome de réflexion, d'action et d'information. Son fonctionnement est basé sur les principes solidaires, égalitaires, et libertaires, avancés par le projet de société anarchiste. Nous voulons instaurer un milieu social qui assure à chaque personne le maximum de bien-être et de liberté adéquat à chaque époque. Mais l'émancipation des individus ne pouvant être que le fait des individus eux-mêmes, il n'est pas question pour nous de faire les choses à leur place. Nous agissons pour développer la prise de conscience et favoriser l'effort intellectuel qui seront indispensables pour changer définitivement cette société qui broie les individus. Les informations contenues dans ce site, ne sont ni figées, ni réservées à l'usage de certaines personnes. Elles peuvent être utilisées, corrigées ou mises à jour, à la seule condition que ce soit fait dans le but de combattre toute forme d'oppression, de répression, de censure ou d'exclusion. N'oubliez pas d'indiquer les sources du document en question. N'hésitez pas à insérer des liens vers ce site et à nous signaler d'éventuels disfonctionnements. Vos témoignages ou informations sont les bienvenus car ils nous permettront d'enrichir ce site et d'en améliorer son efficacité. La toile d'un web libertaire est déjà tissée... c'est à nous de l'étendre et de la renforcer !

Ne laissons personne agir ou décider à notre place !

Le groupe libertaire Jules Durand se compose d'individus appartenant à diverses catégories socio-professionnelles : personnels hospitaliers, dockers, étudiants, chômeurs, instituteurs, métallurgistes, travailleurs intérimaires. Certains d'entre nous sont syndicalistes, d'autres non. Ce qui nous réunit alors, c'est de pouvoir discuter et mettre en commun davantage ce qui nous rassemble que ce qui divise. C'est une certaine conception de la synthèse anarchiste. Loin d'être figées et monolithiques, nos conceptions des idées libertaires se doivent d'être fédérées afin d'oeuvrer au bien commun, tout en laissant chaque individu responsable de ses propres propos et de ses actes. Autour du Libertaire, journal local à diffusion nationale, nous faisions part à nos lecteurs d'une certaine actualité, de réflexions anarchistes, et de l'évolution de nos recherches concernant l'histoire du mouvement anarchiste et du mouvement syndical au Havre. Nous n’avons cependant ni religion ni dogme en la matière...

Pour ceux qui ne connaîtraient pas l'anarchie, nous demandons aux curieux de dépasser les éternels clichés concernant notre philosophie et notre projet de société libertaire, et faisons nôtres les paroles d'Elisée Reclus, géographe anarchiste du siècle dernier : « Amis, le mot anarchie vous effraie. Vous nous blâmez de nous en servir et d’empêcher ainsi les gens bien intentionnés mais timorés, de venir à nous. Vous nous blâmez surtout de nous être placés complètement en dehors de l’Etat : la voie de l’évolution légale vous paraît de beaucoup la plus sûre. Le socialisme révolutionnaire vous semble redoutable. [...] Dans le royaume de la fable, tous les jardins merveilleux sont gardés par quelque dragon féroce. Le dragon qui veille au seuil du palais anarchique n’a rien de terrible, ce n’est qu’un mot, mais s’il en est qui se laissent effrayer par lui, ce serait sans doute en vain que nous essaierions de les retenir ; des hommes qui reculent devant un vocable auraient-ils jamais la liberté d’esprit nécéssaire pour étudier la chose elle-même ? Hélas ! ils en resteront à leurs préjugés, à leur routine, à leurs formules, et continueront à parler de l’ « hydre sociale », dans les termes choisis du jargon officiel. » Le but que nous poursuivons n’est pas chimérique. Nous laissons les candidats au pouvoir vanter leurs panacées. Ces marquis de la politique font, au travers de l’Etat, leur cour aux souverains du monde que sont les gros patrons nationaux et transnationaux. Des années, des siécles peut-être nous séparent de la révolution sociale et libertaire, mais nous n’en travaillons pas moins avec confiance à l’œuvre commencée par nos prédécesseurs.

Jusque récemment, les libertaires havrais qui sont réunis au sein du groupe Jules-Durand, participaient à la rédaction et à la confection du journal à parution mensuelle « Le Libertaire » diffusé par la MNPP. « Le Libertaire » nous permettait d’éditer (ou rééditer) des brochures diverses, sans oublier la publication des deux tomes de l’ « Histoire oubliée et méconnue du syndicalisme havrais ». Le journal qui était sans édito, laissait à ses collaborateurs le soin d’aborder une certaine actualité ; les brochures nous permettaient d’étudier d’avantage les problèmes de fond ; et les livres eux, nous ont permis de nous replonger dans nos racines et en faire ainsi connaître la trame sociale et historique au niveau local. C’est tout un patrimoine que nous voulions transmettre pour mieux appréhender les problèmes du présent, en espèrant influer à nouveau sur les luttes sociales à venir, et redonner l’espoir d’un autre futur par une large diffusion de notre projet de société libertaire. Dans l’immédiat, nous comptons réediter le Libertaire sous forme électronique ainsi qu'éditer un troisième livre pour clore ce dernier volet de l’ « histoire oubliée et méconnue du syndicalisme havrais (1939-1962) », ainsi qu’une brochure sur l’histoire du mouvement anarchiste au Havre des origines à nos jours ; n’oublions pas non plus les traditionnelles parutions concernant les grands thèmes ou les grandes figures de l’ anarchisme.

Cependant nos activités ne se cantonnent pas uniquement à l’édition. Nous avons récemment accueilli Sylvia Pinel pour un débat sur son livre « La loi Pinel 2019 », les dockers de Liverpool lors d’un meeting à la fin de leur conflit, Jacky Toublet (syndicat des correcteurs) pour un débat sur le projet d’économie libertaire, et Serge Livrozet que nous avions invité pour participer à la nuit contre l’exclusion organisée par AC. Nous sommes aussi présents sur le terrain par la réalisation et la diffusion de tracts ponctuels, et en nous intervenons d'une manière générale dans toutes les luttes sociales sur Le Havre (les licenciés d’Auchan par exemple, nous rendent régulièrement visite dans nos locaux). Plusieurs de nos compagnons ont été, ou sont encore actuellement, à la pointe de divers conflits locaux : enseignement, chômage et précarité, soutien aux sans-papiers, et lutte contre le racisme et le fascisme. De la pensée découle l’action qui elle-même agit sur la pensée...

IDEES RECUES SUR L'ANARCHISME

Sans doute parce que nous dérangeons pas mal de gens - les autoritaires évidemment, mais aussi, les résignés ou les satisfaits de la société actuelle - on nous prête toute une panoplie de «défauts». Essayons d'en recenser quelques-uns et de les démonter.

Les anarchistes sont des terroristes

Le «terrorisme» anarchiste a existé à une certaine époque (fin du 19ème ), mais il est à restituer dans son contexte : d'une part, les auteurs d'attentats pensaient précipiter la révolution et faire naître l'esprit d'initiative dans la population, d'autre part et surtout il était une réponse à la terreur et à la misère imposée par la classe dirigeante. En réalité, il était minoritaire. En société «démocratique», parce qu'il existe une relative liberté d'expression, l'acte terroriste n'a pas lieu d'être. De plus, les anarchistes refusent de se constituer en avant-garde, ils sont aux côtés des opprimés. On ne change pas la société avec de la dynamite pas plus qu’on n’en instaure une autre avec de la violence. La grève expropriatrice et gestionnaire est beaucoup plus notre «credo» (occupation des usines, puis faire tourner les machines via la gestion par les travailleurs au profit de la population).

Les anarchistes sont des marginaux.

Certains ne veulent nous voir qu'en clochards, par refus de la société de consommation, sinon nous ne saurions prétendre à «l'étiquette» d'anarchistes!

  1. un clochard ne vit pas hors du système. Il dépend de la charité et consomme... Ce n'est pas plus anarchiste qu'être salarié.
  2. Nous ne visons pas le nivellement par le bas ou le partage de la misère, mais bien au contraire le bien-être pour toutes et tous au Nord comme au Sud, c'est-à-dire - au minimum - un logement, de la nourriture et des vêtements décents. Vivre bien implique un certain niveau matériel, cela ne signifie pas être productiviste à tout crin, ne nous méprenons pas. A Partir d'une aisance matérielle, on peut profiter plus largement des autres formes de richesses : relations sociales, arts, science, farniente, réflexion, culture...

Les anarchistes sont contre l'organisation.

L'humain est un animal social, il ne peut vivre seul. Il est nécessaire de s'organiser. Les anarchistes, ayant comme but une société sans Etat, dans laquelle l'épanouissement maximum est assuré à chaque individu, il est logique que nous nous organisions. L'absence d'organisation, c'est la loi du plus fort. Ce n'est en rien anarchiste. En nous organisant, nous pouvons faire plus de choses qu'en bidouillant chacun de notre côté. Nous ne sommes pas contre la société, mais contre certaines formes de société, celles dans laquelle une minorité - ou une majorité d'ailleurs - en exploite une autre. Nous voulons l'égalité et la liberté pour tous, pas pour une classe ou un parti...

Les anarchistes critiquent tous, et ne proposent jamais rien.

  1. Nous ne critiquons pas pour le plaisir de critiquer mais parce que nous aspirons à mieux. Nous sommes ainsi contre l'armée parce que nous voulons la paix ; parce que l'armée défend les privilèges des dirigeants (Etat et bourgeoisie) ; parce qu'elle est un gaspillage d'argent et de cerveaux voués à la préparation de la guerre. Elle est socialement inutile, et même nuisible.
  2. Bien des choses existant dans cette société sont d'inspiration anarchiste: les mutuelles, les coopératives, la mixité à l'école...
  3. En Ukraine en 1919, en Espagne en 1936, en Hongrie en 1956, il y a eu des expériences libertaires et autogestionnaires.
  4. Nous avons des pistes pour un projet social. Tout prévoir est dogmatique car nous ne pouvons préjuger de ce que seront les possibilités et les envies des gens dans le futur. Il est ici impossible de dessiner ce que pourrait être une société anarchiste ; je vous renvoie aux militants et aux livres pour plus de précisions. Voici néanmoins quelques mots-clés : gestion directe, fédéralisme, communisme libertaire.

Les anarchistes sont des petits-bourgeois individualistes.

Je crois que ce qui précède en fait le procès, mais reprécisons: l'anarchisme est à l'origine un courant issu du socialisme, le socialisme révolutionnaire fédéraliste ou anti-autoritaire (par opposition au socialisme autoritaire marxiste ou social-démocratie). Nous sommes aussi individualistes, mais dans le sens où nous voulons le libre épanouissement de chacun. Nous sommes à la fois pour l’autonomie individuelle et pour le communisme (partage égalitaire des richesses collectives, de chacun selon ses moyens à chacun selon ses besoins), et nous combattons pour une société sans classes sociales. il existe des individualistes totaux, ceux-là n'ont rien à voir avec nous, anarchistes sociaux.

Les anarchistes sont de doux rêveurs.

Qui sont les rêveurs? Ceux qui crient que le capitalisme basé sur la compétition, le profit donc l'exploitation, puisse apporter bonheur, ou ceux qui ont pris conscience que cette organisation sociale et ses valeurs sont vouées à une impasse, avec la misère et la précarité qui se généralisent à côté de riches jouisseurs protégés par les flics? A la compétitivité et à la charité, nous opposons l'entraide et la coopération. L’entraide favorise l'émulation, la stimulation, l'initiative individuelle, en préservant l'égalité. En concurrence, il y a peu de gagnants et beaucoup de perdants.

Anarchistes, nous travaillons sur nous-mêmes ; nous nous éduquons pour démonter les mécanismes de domination de cette société (racisme, patriarcat, capitalisme, religion, dogme, ordre moral, politique). Nous essayons d'avoir des rapports libertaires avec les autres. Parce que non né en anarchie, l'anarchiste travaille sur lui/elle pour créer de tels rapports avec son entourage. Parce que cette société est oppression, il/elle se révolte, s'insoumet, et s'organise pour la renverser. Il/elle veille aussi à ses choix de consommation. Les doux rêveurs ne sont-ils pas plutôt ceux qui remettent leur sort entre les mains des politiciens, qui font une action politique en mettant juste un bulletin de vote dans une urne? Ceux-là se livrent pieds et poings liés aux dominateurs de toute obédience.

Ces critiques nous parviennent en général de ceux qui ont des privilèges à défendre, de ceux qui sont ou qui aspirent au pouvoir (de l'extrême-droite à l'extrême-gauche en passant par le centre!), ou de ceux qui ne font rien pour justifier leur apathie. Et pourtant, tous auraient intérêt à l'anarchie ! Les derniers, parce que vu «l'évolution» du capitalisme, il est fort possible qu'ils fassent partie des «exclus», en tout cas des précaires dans un prochain avenir. Les premiers parce que être privilégié ou primer le pouvoir, c'est toujours vivre sous la menace de le perdre (même si les médias et la police encadrent bien la population actuellement). L'anarchie, c'est une société sans classe ni Etat. C'est l'abolition des privilèges. c'est la fin de l'autorité (politique, économique, morale et religieuse). C'est plus que l'égalité de droit, c'est l'égalité économique et sociale. C'est le développement de la personnalité, c'est l'autonomie de l'individu. C'est la libre association, c'est permettre à chacun d'être acteur de la vie sociale. Ce n'est pas le meilleur des mondes, c'est un monde meilleur.

Syndicalisme

Depuis plus de cent cinquante ans, la classe ouvrière cherche continuellement la voie qui la sortira de sa condition d'objet à produire et à consommer. Elle cherche le chemin qui la dégagera de l'oppression du patronat, de l'Etat, et du salariat, pour maîtriser elle-même les outils de production et de distribution, et permettre à chaque individu de diriger sa vie et de se réaliser complètement. Nous savons tous maintenant que l'histoire est falsifiée, tronquée, et que des pans entiers en sont passés sous silence. La bourgeoisie pour se défendre a fabriqué sa propre histoire. Les marxistes quant à eux, ont décrit les événements à leur manière, ne voyant que ce qui se rapportait à leur propre théorie, selon les mécanismes d'une certaine dialectique et d'un matérialisme historique extrême. Bien des travailleurs sont encore influencés par ces déformations et mensonges, et on peut dire que le mouvement ouvrier a perdu une partie de sa mémoire.

La lutte séculaire entre exploités et exploiteurs a pris une amplitude menaçante. Le capital tout-puissant est repassé à l’offensive, sans vergogne, espérant presser les travailleurs comme de vulgaires citrons, pour ensuite mieux les jeter à la rue une fois toute leur force de travail donnée à vil prix. Les politiciens nous rebattent les oreilles avec leur démocratie, tarte à la crème du 20ème siècle, dont on oublie volontairement d’analyser ce que ce terme cache sur le plan sémantique. Quant aux travailleurs et aux chômeurs, leur faiblesse et leur désorganisation les rendent à la merci des dominants... La confusion d’idées et de principes qui existe dans les rangs du mouvement ouvrier, le manque de clarté et de cohésion sur les buts actuels et futurs des opprimés, et leur division, s’ajoutent au désarroi de plus en plus important du monde du travail. Quand ce n’est pas le désintérêt des questions sociales et la résignation pure et simple qui priment.

Nous venons d’assister à la chute du communisme autoritaire qui se basait sur une hypertrophie du socialisme étatiste, et qui était régenté par une clique ne pensant qu’à faire perdurer et accroître ses privilèges. N’oublions pas non plus que le régime lénino-trotskyste du début de la révolution russe a servi de matrice au stalinisme qui lui a succédé...

Contre l’offensive d’un capital d’un coté, et les politiciens de tous horizons (y compris les gauchistes) de l’autre, les anarcho-syndicalistes se doivent de raffermir et réactualiser leurs principes, afin que l’émancipation des travailleurs par les travailleurs eux-mêmes devienne effective.

L’Etat n’a pas de plus sûrs alliés que les partis et les syndicats réformistes. Les ennemis de ces derniers sont la plupart du temps les mêmes que ceux de l’Etat. Sur des thèmes spécifiques, ils s’organisent en groupes, en comités, en association (AC, DAL), hors des partis et des syndicats, et selon un fonctionnement bien souvent proche de celui des libertaires... Si les partis et les syndicats sont alors tentés de récupérer les thèmes mobilisateurs, ils continuent par ailleurs à faire l’apologie de l’outil de travail, de l’industrie militaire, de la hiérarchie, et de l’Etat... donc des valeurs du système dominant.

Et l’anarcho-syndicalisme et le syndicalisme révolutionnaire ?

D’abord si le syndicat jouait correctement son rôle, il n’y aurait ni coordinations ni une foultitude de comités. L’anarcho-syndicalisme, pour lequel aucun domaine ne doit être étranger, doit donc détruire l’image sclérosée et collaboratrice donnée par la CGT, FO, et la CFDT. La CFDT de Notat la « tsarine » est un syndicat jaune qui a pris la place de FO du temps de Bergeron. Quant à la CGT, qui pour entrer à la CES (Confédération Européenne des Syndicats) est prête à tous les compromis, elle ferait bien, avant de voir s’émietter un peu plus son effectif, de se demander quelles conneries elle a pu commettre pour recevoir un message de félicitations du patron des patrons français lors de son dernier congrès...

Les syndicats s’institutionnalisent de plus en plus en s’intégrant de jour en jour à l’Etat. Par le biais de subventions aussi diverses qu’astronomiques, les syndicats vont pouvoir - si cela continue - ne fonctionner qu’avec une armée de permanents rétribués comme fonctionnaires syndicaux inamovibles, sans avoir à se soucier du nombre de leurs adhérents qui ne deviendra que financièrement accessoire. C’est sur les lieux de production que le syndicalisme naquit, parce que c’est là que les travailleurs prirent conscience de leur exploitation et de leur intérêt à se défendre (augmentation de salaires, amélioration des conditions de travail, respect de la dignité...). Le syndicalisme révolutionnaire n’était pas apolitique, mais contre les partis politiques. Aujourd’hui il en va de même, et le syndicalisme se doit d’être porteur d’un projet politique global en dehors de toute politique politicienne.

Dans un premier temps il devrait s’atteler à se réapproprier tout ce qui avait été mis en place dans le cadre des bourses du travail à leur origine, ce qui réactualisé donnerait :

Parallèlement, le syndicalisme doit grâce à l’action directe (c’est-à-dire l’action des travailleurs eux-mêmes...), sans chefs ni bureaucratie, préparer la gestion directe de la société de demain au profit de tous, et instaurer de manière évolutionniste un milieu social qui assure à chaque individu le maximum de bien être et de liberté adéquat à chaque époque. L’homme est doué d’une conscience imaginative, et il doit supprimer les systèmes hiérarchiques de dominance qui sont à l’origine de tous nos maux. Il doit par conséquent apprendre à connaître les bases générales du comportement de l’homme en situation sociale, ainsi que les causes qui ont abouti à la structure présente de notre société. Le syndicalisme libertaire peut aider l’homme dans cette démarche. Nous savons aussi qu’un individu ou un groupe social n’ont qu’une finalité : le maintien et le renforcement de leur structure. Alors accordons nos violons pour que les moyens d'arriver au communisme libertaire, notre finalité, ne soient pas en contradiction avec celle-ci.

Antifascisme

Quel constat pourrait-on faire de l’antifascisme à l’heure actuelle en France ? La lutte contre le FN (ou FNMN) pronée par certains cache en réalité un véritable fond de commerce électoraliste, où tout est bon pour séduire les électeurs potentiels. Cette pêche aux voix sous couvert de citoyenneté, vise aussi bien les déçus du précédent suffrage, qu’une population jeune très attachée aux notions de droits de l’homme et de liberté. Nous sommes là bien loin du sens premier de l’antifascisme et de son véritable fondement. Pour les anarchistes, l’antifascisme fait partie prenante de la lutte menée pour transformer cette société basée sur les inégalités sociales et économiques. Le fait que nous voulions assurer un milieu social permettant à chaque individu de s’émanciper par un maximum de bien-être et de liberté, nous a toujours opposé à toute forme de capitalisme, de totalitarisme, ou d’obscurantisme.

Reprocher aux anarchistes leur refus de participer aux différentes mascarades électorales en les accusant de faire le jeu de l’extrême-droite, c’est avoir une totale méconnaissance sociale et historique... A moins que le but recherché ne soit de les discréditer à un moment où les idées libertaires commencent à faire leur chemin ? Le mouvement anarchiste a toujours été à la pointe des différents combats contre le fascisme, et nombreux sont les compagnons libertaires qui ont payé de leur vie le fait de s’opposer physiquement ou intellectuellement au fascisme.

Ceux qui appellent au front républicain ou au vote citoyen à l’aide d’arguments dégoulinants d’hypocrisie, ne sont-ils pas les mêmes qui expulsent des sans-papiers, refusent d’abroger des lois racistes, répriment des mouvements sociaux par l’envoi de CRS, ou s’acharnent contre des militants libertaires dont le seul tort a été de dénoncer leurs dérives sécuritaires ou leur laxisme.

Le fascisme brun ne doit pas non plus nous faire oublier le fascisme rouge, ainsi que les différentes formes de répression qu’ont dû subir les anarchistes et les anarcho-syndicalistes à travers l’histoire. Que ce soit sous Lénine, Mussolini, Hitler, Franco, Mao ou encore Castro, la répression qui frappa les libertaires ne leur laissa que l’exil comme alternative à l’emprisonnement ou souvent même à la mort...

Internet

L'informatique est devenu un outil incontournable dont tout le monde ne peut malheureusement pas bénéficier. Une fois de plus ce sont des critères économiques et sociaux qui en définissent l'accès. La finalité de notre démarche en tant qu'anarchistes, est une fois de plus la réappropriation d'outils et leur usage dans un but socialement utile à tous. Il est à notre avis indispensable de maîtriser ces nouvelles technologies et d'en faire partager la connaissance. Car en dehors du fait que la micro-informatique offre des possibilités aussi larges que diverses dans bien des domaines (communication, PAO, musique, 2D/3D, etc...), elle dépend aussi des groupes industriels et financiers qui se forgent des monopoles sur les systèmes d'exploitation ou les logiciels.

Mais cette mainmise sur la technologie nous confronte à un autre problème. Au fur et à mesure des évolutions humaines et technologiques, les différents pouvoirs en place ont toujours utilisés les progrès accomplis par l'homme pour mieux l’asservir et le contrôler. Beaucoup d’inventions ont été ainsi détournées de l'utilité sociale qu’elles auraient pu avoir, pour enrichir un arsenal répressif de plus en plus omniprésent et aliénant. Le contrôle et la surveillance des individus ont évolué de telle façon qu’il est actuellement possible de connaître la plupart de nos faits et gestes. Si les études sur la consommation, les recensements, les enquêtes administratives, et les questionnaires divers (même les concours...), permettent de tout savoir sur le mode de vie ou les habitudes des gens, il existe des moyens bien plus sophistiqués pour nous espionner...Désormais, ce ne sont plus seulement les ordinateurs, mais aussi les téléphones portables, les cartes de crédit, et les divers capteurs répartis sur les routes, qui permettent de suivre les individus à la trace. Et que dire du réseau-santé en ligne qui est en train de se mettre en place ? comment peut-on relier plus de 300 000 médecins avec 60 millions de Français, sans empêcher que des données médicales ultra-confidentielles ne soient récupérées ?

Internet et les outils informatiques n’échappent malheureusement pas à ce problème de contrôle des individus. Si les investigations faites à l’insu des différents utilisateurs ne fournissent généralement que des informations à caractère mercantile, elles peuvent tout aussi bien en dire beaucoup plus sur leur vie privée ou leurs opinions politiques. Alors quand on allume son PC, il y a certaines choses qu'il faut connaître ou à tout prix éviter...